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grands traits, dans une maigreur de la peau tirée sur les os. Et quelquefois les rhumatismes l’immobilisaient, toute raide, dans l’âtre.

Le lendemain matin, malgré la fatigue, elle alla elle-même au ruisseau. Au moment où elle passait devant les Pidoux, Michel de nouveau apparut sur le pas de la porte. Et sans se fâcher, il lui dit :

— Ça n’est pas honnête, mame Colasse, de venir ainsi chez les gens. C’est i que nous allons dans vot’ champ, nous ? Non, est-ce pas ? Pou’quoi alors que vous marchez où ça ne vous appartient pas ?

Elle mit ses poings sur les hanches et plantée devant lui, très haut cria qu’elle prenait le chemin qui lui plaisait. D’ailleurs, le sentier était à eux aussi bien qu’à lui.

Mais il hocha la tête.

— Pou ça, non ; le chemin va avec la maison comme l’petit doigt va avec le grand. N’ dites pas que c’est pas vrai. J’dis ce qu’i g’na et pas aut’ chose.

Il parlait avec calme, les mains derrière