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pas transgressé leurs limites. Les Pidoux, en vertu d’un droit lointain, s’attribuaient la possession du sentier dans toute sa longueur, avec la jouissance toutefois, pour les Colasse, de la partie qui dévalait par chez eux, mais de celle-là uniquement ; et cette question du sentier avait son importance. Du côté des Colasse, il accourcissait le chemin pour se rendre au village ; mais du côté des Pidoux il abrégeait le trajet pour aller au ruisseau. Et les Colasse, tout de suite, s’étaient mis à couper par là, librement, quand ils avaient à puiser de l’eau ou à guéer leurs légumes. La nécessité d’une explication s’imposa.

Comme Colasse le père, de son petit nom Pierre, traversait un soir, des seilles dans les mains, Michel Pidoux, monté par la grosse Joanne, sa femme, l’interpella, debout sur son seuil :

— Eh ! Colasse, c’est pas qu’on voudrait t’faire de la peine, mais le chemin de ce côté, c’est à nous seuls. Faudrait pas y venir trop souvent, là !