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passait devant toutes deux. Mais, tandis que la maison des Colasse, petite, quatre chambres seulement, gardait une apparence médiocre, le logis des Pidoux, tout en rez-de-chaussée, trois fenêtres de chaque côté de la porte, semblait presque trop grand pour eux. Deux pièces demeuraient toujours fermées, sans emploi ; ils avaient aussi un salon où régnait l’acajou ; et leur cuisine, spacieuse, avec de nombreux ustensiles, exhalait une odeur de bonnes nourritures. Au contraire, chez les Colasse, devenus propriétaires à force d’épargne, l’existence était mesquine ; laborieusement, avec le salaire du père, ouvrier dans une sucrerie voisine, et le gain des enfants, un garçon de vingt-deux ans, bûcheron de son état, et une fille de dix-neuf, qui s’employait à buander dans le village, ils essayaient de boucher le trou par où était parti l’argent de la maison. Tous les quatre, une fois la semaine, le dimanche, mangeaient du porc, se sustentant le reste du temps, de pain et de pommes de terre.