Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tard ils finiraient par là, comme les autres. Seulement, après avoir si longtemps attendu, la chair lui démangeait moins ; par moments elle se flattait qu’elle aurait très bien pu vivre sans homme ; et son orgueil à le lanterner l’amusait plus que le plaisir qu’il lui eût donné. Dans les commencements, au contraire, la continence l’avait ravagée ; elle s’était sentie dévorée de son désir comme d’une plaie ; toute seule en son lit vide, il lui fallut tordre son ventre pour comprimer les révoltes du sang ; et toujours une bête en elle semblait lui déchirer les entrailles. Elle avait connu alors des supplices : dehors, aux champs le soleil l’enflambait ; un feu couvait dans ses flancs, que l’eau n’apaisait pas ; et même elle ne pouvait renifler l’odeur des étables sans un énervement profond. Puis le mal s’était usé ; maintenant elle n’aurait voulu ouvrir son giron que pour engendrer.

Ce goût de l’enfant petit à petit l’obséda ; elle enviait les vaches, les brebis, les chèvres, fécondées tous les ans ; Martin non prolifi-