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autour de nous, mariées très haut aux assomptions, aux chaleurs fécondes du monde. Doucement la vache et l’âne venaient à nous par les chemins verts ; et ils ne se détournaient pas, connaissant aussi le simple amour. Au bord des gazons jouait l’émoi agile des familles. L’aboi des chiens ne troublait plus le lapin naïf assis sur ses reins dans la clairière. Eux-mêmes semblèrent être revenus à la bienveillance. Et, ayant fait le serment de ne plus verser le sang, j’en étais payé par la confiance des humbles faunes. Toute vie est divine, avec les mêmes souffrances et les mêmes joies physiques et la mamelle des mères allaite pareillement le petit des bêtes et l’enfant. Aux heures fraîches du matin, des chevreuils s’avançaient jusqu’aux seuils ; Ève leur jetait la provende. Ensuite ils regagnaient le fourré profond. En chantant et semant devant elle du pain, elle charmait aussi les oiseaux.

Les œufs, le fromage, le pain, les fruits, les salades nous composaient des nourritures délicieuses comme nos faims. Elles nous donnaient le sentiment d’être en communion avec