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XXXIII


Ève ! tu es la petite source limpide. Je me penche sur ta vie ; elle est pleine de choses délicieuses comme les algues qui ondulent en chevelures. À tout instant il naît de toi des beautés et tu les ignores. Tes émois sont comme les bulles d’argent qui montent de l’eau profonde et la source ne sait pas que tout le ciel tient dans un peu d’elle qui s’égoutte. Tu es mon pêcher dans le vent avec des fruits d’or et de sang. Tu es mon églantier sauvage et à chaque geste de tes mains il fleurit une églantine.