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les aspects de ta vie, elle accorde au sens de l’univers les mouvements de la terre et des eaux. Une graine ne tombe pas au hasard dans un pli du sol et un arbre en jaillit qui ne pouvait pousser dans un autre endroit. La petite feuille, en se lustrant d’un reflet de ciel et en battant au vent, fait une chose que tu ignores et qui néanmoins est nécessaire à l’ordre du monde. Et là où il y a un ravin, il ne faut pas se demander si une montagne n’y serait pas plus belle. La beauté de choses est dans leur convenance et celle-ci n’est pas plus grande selon ce qu’y ajoutent les hommes. Ils ne touchent à la nature que pour en rompre l’équilibre : leurs mains profanatrices, en transportant à droite ce qui était à gauche, attentent à l’harmonie et au mystère. Un site violé outrage la source, l’air, le vent, la grâce émouvante de l’aurore, l’harmonie des plantes et des oiseaux. Le fluide éther et la grâce stable des heures en restent altérés. Qui peut dire que même le cours des saisons ne s’en ressente ? Les hautes ramures du bois sont nécessaires aux nuages ; et les tranquilles