adame Gustave Mesureur a publié chez Lemerre, en
1885, sous son nom d’Amélie Dewailly, et avec une lettre-préface de M. François Coppée, le plus joli volume peut-être
qu’aient jamais inspiré les enfants. Ce sont les siens avant tout, et puis
ceux de ses amis, qu’elle a observés et dont elle nous rend ici, avec une
finesse attendrie, tous les gestes câlins. Nous les voyons dans leurs jeux
et dans leur sommeil, dans leurs joies et dans leurs chagrins, dans leurs
naïvetés et dans leurs charmantes malices. Voici leurs grands yeux ouverts,
pleins de questions devant l’inconnu, devant le train qui passe et dont ils
voient la force sans la comprendre. Tout les émerveille et tout leur est
déjà un objet de recherche. Ils essaient d’aller des faits aux causes,
philosophes avant même d’avoir revêtu le pantalon viril ou habillé pour la première fois leur poupée.
Le poète des enfants les suit jusqu’à la fin de l’adolescence. Mais alors
ce ne sont plus les siens, c’est à ses propres souvenirs encore peu éloignés
que fait appel madame Mesureur. — Quelle forme précieuse et familière
bien appropriée au sujet dans Nos Enfants ! Quel art de relever et de fixer
les petites choses, les plus minces détails de la vie enfantine ! Chacun de
ces tableautins est un chef-d’œuvre d’observation, de naturel, d’esprit
parisien. Nulle part de l’effort ; partout de la grâce. Sur tout cela est
répandue cette légère teinte de mélancolie sans laquelle une œuvre poétique
ne nous apparaîtrait pas dans sa vraie couleur.