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MADAME GUSTAVE MESUREUR


(amélie dewailly)


1855




Madame Gustave Mesureur a publié chez Lemerre, en 1885, sous son nom d’Amélie Dewailly, et avec une lettre-préface de M. François Coppée, le plus joli volume peut-être qu’aient jamais inspiré les enfants. Ce sont les siens avant tout, et puis ceux de ses amis, qu’elle a observés et dont elle nous rend ici, avec une finesse attendrie, tous les gestes câlins. Nous les voyons dans leurs jeux et dans leur sommeil, dans leurs joies et dans leurs chagrins, dans leurs naïvetés et dans leurs charmantes malices. Voici leurs grands yeux ouverts, pleins de questions devant l’inconnu, devant le train qui passe et dont ils voient la force sans la comprendre. Tout les émerveille et tout leur est déjà un objet de recherche. Ils essaient d’aller des faits aux causes, philosophes avant même d’avoir revêtu le pantalon viril ou habillé pour la première fois leur poupée.

Le poète des enfants les suit jusqu’à la fin de l’adolescence. Mais alors ce ne sont plus les siens, c’est à ses propres souvenirs encore peu éloignés que fait appel madame Mesureur. — Quelle forme précieuse et familière bien appropriée au sujet dans Nos Enfants ! Quel art de relever et de fixer les petites choses, les plus minces détails de la vie enfantine ! Chacun de ces tableautins est un chef-d’œuvre d’observation, de naturel, d’esprit parisien. Nulle part de l’effort ; partout de la grâce. Sur tout cela est répandue cette légère teinte de mélancolie sans laquelle une œuvre poétique ne nous apparaîtrait pas dans sa vraie couleur.

E . Ledrain.