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PAUL HAREL.

 
Du logis que le chaume couvre
Sous la côte, à l’abri du vent,
Tous les matins la porte s’ouvre
En face du soleil levant.

Les premiers rayons qui paraissent
Disent bonjour à la maison
Et de leurs lèvres d’or caressent
Les marguerites du gazon.

Petit herbage, étroit domaine,
Enclos béni du Dieu vivant,
La créature s’y promène
Sous la côte, à l’abri du vent.

Une source coule et murmure
Près de la haie, à fleur de sol ;
Un gros pommier, de sa ramure,
Fait à la source un parasol.

Cherchant sa pâture avant l’aube
Et troublant le petit flot clair,
Un canard y lustre sa robe,
Le ventre à l’eau, le dos à l’air.

L’oiseau du pays perche et couve
À l’aise dans le gros pommier ;
Ici l’hirondelle retrouve
Son nid d’antan sous le larmier,

Des moucherons de toute espèce
Et des insectes familiers,
Qui dans l’air chaud et l’herbe épaisse
Viennent s’ébattre par milliers.