Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
ROBERT CAZE.


Vieil athlète pensif, fait de bronze et de fer,
Hugo, salut ! Salut à toi, maître, qui sèmes
L’amour profond de l’art en nous ; mais tes poèmes
            Ne sont pas si grands que la mer.

Peintres, vous avez pris le rose de la chair,
Le bleu du ciel, le noir des nuits, l’or des étoiles ;
Vous mêlez l’Idéal au Réel ; mais vos toiles
            N’ont pas les tons chauds de la mer.

Oh ! je veux m’imprégner de ton parfum amer,
Caresser longuement tes plantes, vertes tresses,
Et dormir dans ton lit à l’abri des tristesses,
            Fille superbe, blonde mer !


(Hymnes à la Vie)





SOUPER




Les gens de ferme sont à table,
Muets, ils sont venus s’asseoir.
La soupe, comme un encensoir,
Fume, tassée et délectable.

Ils ont tous une odeur d’étable :
Les plats luisent sur le dressoir.
Les gens de ferme sont à table,
Muets, ils sont venus s’asseoir.