Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
427
ADOLPHE RIBAUX.

Ravi, Pygmalion a vu sa Galatée !
Hosanna ! Hosanna ! l’âme est rcssuscitée,
Le temps des pleurs s’achève en sublime concert !

Aussi, quand vous passez, sereine et souveraine,
Laissant sur le chemin flotter en longue traîne
La robe de lumière aux plis harmonieux,
Le jardin tout entier vous accueille et vous fête,
Ô chaste vision qu’attendait le poète,
Qui descendis vers moi par l’escalier des cieux !

Sous le souffle léger du zéphyr qui s’embrase,
C’est pour vous que les flots ont un hymne d’extase,
Les étoiles pour vous entr’ouvrent leur œil pur ;
Et, jalouses pourtant de ta beauté rivale,
Les fleurs font un tapis de pourpre triomphale,
Sous tes pieds, qui devraient ne fouler que l’azur.

Puisque tout est mauvais dans la vie inutile,
Puisqu’un réel brutal chaque jour y mutile
Nos désirs les meilleurs, nos espoirs les plus doux,
Restons, restons toujours dans ce jardin du rêve :
Nos cœurs y garderont une éternelle sève,
L’éternité d’amour y commence pour nous !

Prends ma main, guide-moi vers le Beau qui demeure !
Maternelle et divine, en tous lieux, à toute heure,
Laisse-moi, jusqu’au bout, te suivre pas à pas.
Détourné, grâce à toi, de tout culte illusoire,
Je te devrai mes vers, je te devrai ma gloire,
Et, si j’ai des lauriers, tu les effeuilleras.

Ô fille de Platon, malgré le siècle louche,
L’antique abeille d’or habite sur ta bouche ;
Phidias eût sculpté tes traits marmoréens.