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RODOLPHE DARZENS.


Tu peux, sans craindre d’insolence
Des vains bruits, t’écouter penser,
Car voici que va commencer
Le règne assoupi du silence ;

Et déjà luit sur les toits bleus
La pâle espérance céleste
Qui dissipe l’ombre funeste
Avec ses doux rayons frileux !




C’est par la ville humide un peu
Du clair souvenir de la pluie,
Que ta promenade s’ennuie,
Car tu t’attristes du soir bleu.

Nulle des étoiles percées
Au métal du ciel rajeuni
Ne laisse jusqu’à l’infini
Jaillir tes subtiles pensées ;

Et, comme l’or d’un mauvais vin.
L’au-delà que ta soif contemple
Rutile à travers la lune ample
Où ton espoir se cogne en vain.





Afin que ton esprit se recueille, attristé
Des actions mauvaises lâchement voulues,
Après les heures lumineuses révolues
Voici les sombres heures dans le ciel d’été.

Tu peux rougir, puisque ta honte est invisible,
De tous tes vieux péchés commis en chaque lieu ;
N’as-ru pas renié ta foi, maudit ton Dieu
Et désiré cruellement d’être nuisible ?