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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


PLAINTE CRÉPUSCULAIRE




Les voir L’éclosion splendide des ténèbres !
Dans l’air silencieux de ce soir tiède encor,
Fleur dont chaque étamine est une étoile d’or
La nuit déploie au ciel ses pétales funèbres.

Ô seule amie en qui succombe mon orgueil,
Le désespoir aussi, dans mon âme profonde
Éclôt, comme là-haut sur le sommeil du monde
S’épanouit un vaste et lamentable deuil ;

Chère ! et je sens en moi naître une nuit égale
À celle de la froide et morne immensité ;
Une nuit sombre, où seule ainsi qu’une clarté
S’épanche tristement ta tendresse amicale !


(Le Psautier de l’Amie)





MADRIGAL




Je le sais, lente visiteuse
Dont j’adore les petits pas,
Ta douce parole est menteuse,
Ta prunelle n’éclaire pas !

Mais sites paupières sans fièvres
Ne cachent point d’astres égaux,
Si les mots que chantent tes lèvres
Dans mon cœur restent sans échos