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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LE SACHET

 
 

Telle qu’un sachet parfumé
Dont on embaume une guipure,
Ô toi si douce, ô toi si pure,
Ô toi qui ne m’as pas aimé...

J’ai gardé l’odeur d’innocence
Qui m’avait plu dans ta beauté
Et recueilli ta chasteté
Comme une fine et rare essence.

Et je m’en suis tout imprégné !
J’en ai mis dans toute ma vie !
Du jour même où je l’ai ravie
Je m’y suis à plein cœur baigné.

Maintenant mon âme est sauvée.
Vienne le temps, même l’oubli,
Un parfum, jamais affaibli,
Grâce à toi, l’aura préservée.

Et si j’en aime une autre un jour,
Mon cœur s’ouvrira devant elle
Odorant comme une dentelle
Où dormait un sachet d’amour...