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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


N’importe. — Dans la nuit je vais. La nudité
Du jour blessait mes yeux. L’ombre chaste est un voile.
Ce flambeau, qu’il m’égare ou me guide, est clarté :
L’Astre, même trompeur, est toujours une étoile.

Trouverai-je en sa crèche, ainsi que dans un nid,
Un enfant ? Me mettrai-je à genoux ? Que m’importe !
J’ai recueilli la myrrhe et le baume bénit :
Je respire en marchant les parfums que je porte.





MISSES




Blondes filles du Nord qui songez sur les grèves,
Les crépuscules frais me font penser à vous ;
Et vous éclaircissez l’horizon de mes rêves,
Lis éclatants, voilés par des brouillards jaloux.

Car vous seules, ô mes délicates hermines,
Vous offrez à mon cœur attentif et charmé,
Cygnes environnés d’un flot de mousselines,
Un parfum d’idéal encore inexprimé.

Non, vous êtes plutôt les mouettes sauvages
Qui glissent sur les flots en leurs vols cadencés,
Amantes des ciels gris d’argent, et des rivages
Qu’un soleil trop ardent n’a jamais caressés.

Vous avez conservé votre pudeur native ;
Vous ressemblez au fruit que nul n’a défloré.
Votre jeunesse est pure, et votre âme naïve
pressent même pas le mal inexploré.