— Salut, ô le premier d’entre les Lunatiques,
Qui charmas l’astre pale au fond des cieux antiques,
Et qui fus son amant — sans t’en apercevoir !
— Tels les rêveurs, tes fils, quand la lune est levée
Ont sur le front parfois — sans même le savoir —
Le baiser d’une amie inconnue et rêvée.
notre aïeule à tous, si robuste et si belle,
Ô toi, ma jeune Rhée ou ma vieille Cybèle.
Ou ma toute puissante et féconde Maîa !
Oh ! quel que soit ton nom, reine de l’Abondance ;
Vénérable matrice où germe l’Existence ;
Mère du peuplier et du camélia ;
Mère du puceron et du fleuve superbe ;
Mère de l’homme intelligent et du brin d’herbe,
Mère de la Pensée et mère de l’Amour !...
Nourrice intarissable aux cent mamelles pleines,
Grâce à qui nous voyons les montagnes, les plaines
Se vêtir[1] de splendeur à la clarté du jour !
Toi que j’aime et vénère ainsi qu’une déesse,
Permets-moi d’exalter ton faste auguste ! — Laisse
Un de tes petits-fils épandre tout son cœur
En stances de lumière, en poèmes mystiques,
Sur ton autel de roche où les peuples antiques
Faisaient tomber un bouc sous le couteau vainqueur !
- ↑ Vesta.