Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
GERMAIN-LACOUR.


Pourquoi Dieu mit-il en nos âmes
Tant de regret du ciel perdu
Que l’amour de toutes les femmes
À chacun de nous semble dû ?

Voici des vierges, les plus pures :
Et j’ose penser en ce lieu
À m’attribuer les murmures
De leurs lèvres priant vers Dieu !

Et lorsque leur âme s’allège
Devant Lui, leur maître et leur roi,
Je fais ce rêve sacrilège
Qu’elles s’agenouillent pour moi !...

Oh ! c’est mal !... Et pourtant je pense
Que le pardon m’est accordé ;
L’expiation vaut l’offense :
Pas une ne m’a regardé !


(Les Clairières)





LES VIEUX PIGEONS




Immobiles, avec leurs ventres rebondis,
Ils traînent lentement leurs roucoulements graves,
Solennels et pensifs comme d’anciens burgraves
Qui regrettent, trop vieux, de n’être plus bandits.
Ils sont passés, pour eux, les voyages hardis !
Car l’âge sans égard pèse sur les plus braves.
Leurs ailes ont connu de subites entraves,
Et pour les longs trajets leurs vols sont alourdis.