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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


JEUNES FILLES




On ne les voit bien qu’à l’église,
Quand, dans la crainte du péché,
L’extase les immobilise
À genoux et le front penché.

Car les rencontrer dans la rue
Juste le temps d’être troublé,
Trop tôt l’image est disparue,
L’oiseau trop vite est envolé

Mais l’église, je veux m’y rendre.
Caché dans l’ombre d’un pilier,
Sar.s doute je saurai surprendre
Leur maintien grave et familier.

Elles seront là tout à l’heure ;
Et, tandis que je les attends,
Chacune a quitté sa demeure
Pour entendre la messe à temps.

Elles ne se douteront guère,
Quand elles seront à genoux,
Que dans la nef froide et vulgaire
Je leur ai donné rendez-vous ;

Rendez-vous à toutes ensemble :
C’est pour moi seul qu’elles viendront ;
S’il en manquait une, il me semble
Que toutes me feraient affront.