Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


La lune se levait
La lune se levait Au bord de la grand’route,
ils étaient arrêtés. Le ciel servait de voûte
à leur hôtellerie et d’astres s’emplissait.

La lune, dans l’azur, semblait la douce hôtesse.
Qui donc règne là-haut ? Sur ce que nul ne sait,
le vieux était songeur, ainsi que son ânesse.





LES SOUVENIRS




Les corbeaux sont venus.
Les corbeaux sont venus. Allumant un cigare,
il se rappelle. Ici, la brune, aux yeux troubleurs,
lui dit qu’elle l’aimait. À présent, les douleurs !
Un train passe. Fumée ; en lair, elle s’égare.

C’est novembre. L’hiver, entré sans crier gare,
a tué les chansons et sombri les couleurs.
Tout est triste avec lui qui pense aux jours où leurs
baisers fêtaient les bois d’avril, — loin de la gare.

Parmi les souvenirs tant cruels et si beaux,
un vol éparpillé de funèbres corbeaux
croasse. (Où vos baisers, bouche petite et rose ?...

Avec les soleils morts ? .. ) Sous les grands arbres nus,
par bandes, maintenant, autour de quelque chose, —
un cœur qu’on a jeté, — les corbeaux sont venus.