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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.



PENSÉES D’AUTOMNE



I



Ce monde meilleur et tout autre,
Le Paradis, je n’en veux pas.
Tout mon souvenir tient au nôtre,
Toute ma vie est ici-bas.

La belle enfant que j’ai choisie,
Ses cheveux, sa bouche et ses yeux,
Sa jeunesse et sa poésie,
Je ne les aurai pas aux cieux.

Si la chair n’est pas immortelle,
Si les formes doivent périr,
Je ne reconnaîtrai plus celle
Qui m’a fait aimer et souffrir.


II


Par les sentiers boueux d’Automne,
Je marche, les cheveux au vent,
Plus d’un passant muet s’étonne
Et me considère en rêvant.

Au milieu des feuilles jaunies
Les lueurs des soleils couchants
Ont des tristesses infinies
Dans le grand silence des champs.