Ton sabot est-il dur, puissante ton haleine ?
Sous les balles des ennemis
Sauras-tu traverser la plaine,
Où nous fauchons les Turcs ainsi que des épis ?
Sauras-tu me porter jusqu’aux murs de Byzance,
Lorsque l’assaut s’y donnera ?
Viens ! le Petit Père s’avance,
Et de la Providence
Le dessein s’exécutera.
Ils ont beau déployer l’étendard du Prophète,
L’étendard et le croissant d’or :
Comme le soleil la tempête,
Nous les disperserons : le Czar est le plus fort.
Allons, mon beau cheval aux fumantes narines,
Mange de l’avoine et du foin :
Des Turcs les hordes assassines
Ont semé les ruines
Et la mort sur notre chemin ;
Et, plus d’un soir peut-être, en ces pays bulgares,
Ton maître et toi, vieux serviteur,
Trouveront avoine et pain rares.
Mais qu’importe la faim, pourvu qu’on soit vainqueur ?
Allons, mon beau cheval, quittez le pâturage ;
Je mets le pied à l’étrier :
Armons tous deux notre courage,
Et puis nous ferons rage
Contre les bataillons d’acier.
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RAPHAËL-GEORGES LÉVY.