Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


À LÉON COGNIET
AU SALON


« Anch’io...! »





En bas, dans le jardin, on circule à l’entour
Des bustes froids et nus, et le gros de la foule
Bat, comme des rochers que vient fouetter la houle,
Les sculptures au blanc et sinueux contour.

Dans les salles, bruyante et calme tour à tour,
La masse du public à flots pressés s’écoule ;
Compacte, elle s’avance avec lenteur, et roule
Vers les tableaux aimés des favoris du jour.

Et pendant ce temps-là, devant moi, solitaire
Et pensif, sur un banc, les yeux baissés à terre,
Noble vieillard par l’âge et le travail lassé,

Un favori d’hier, un grand peintre d’histoire,
Voyant avec orgueil revivre son passé,
Songe qu’il eut aussi ses heures de victoire.





LA MAlN





J’aime la blancheur de la main,
Le doigt bien fin, l’ongle bien rose
La pâleur, auprès du carmin,
               Repose.

Quand je vois une belle main,
La nuit je la retrouve en songe,
Et souvent, tout le lendemain,
               J’y songe.