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GEORGES NARDIN.


LAIDEUR




Juin. — Le plein midi. Le soleil rutile
Dans un parc immense aux bleus horizons ;
Du chêne géant aux humbles gazons,
Tout fête, à l’envi, son éclat fertile.

Sur le socle blanc, d’un antique style,
La froide statue a ses pâmoisons ;
Les oiseaux entre eux mêlent leurs chansons,
Et les amoureux maint propos futile.

Cependant, tandis qu’en ce jour d’été
La nature est joie, amour et beauté,
À l’ombre que fait Vénus Aphrodite,

Un pauvre être tors, difforme, au milieu
Des fleurs, pleure, seul, sa laideur maudite.
Et fait de sa vie un reproche à Dieu !





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