Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
JULES TRUFFIER.


ARITHMÉTIQUE




Un et un font deux. La plaisante chose !
— Quand, seuls, à l’abri de tout importun,
Ma bouche se colle à ta lèvre rose :
                  Un et un font un !

Deux et deux font quatre. Oh ! la bonne histoire !
— Quand mes bras fermés, en leur cercle brun,
Tiennent prisonniers tes deux bras d’ivoire :
                  Deux et deux font un !

Deux et un font trois. Risible chimère !
— Scellant pour jamais notre amour commun,
Survienne un baby dont tu sois la mère :
                  Deux et un font un !





ANTITHÈSES MADRIGALESQUES




Pourquoi vos yeux que j’adore
Et dont l’éclat me conduit
Lancent-ils des feux d’aurore
Puisqu’ils sont couleur de nuit ?

Et, si peu qu’elle le touche,
Pourquoi mon front pâlissant
Blêmit-il sous votre bouche
Puisqu’elle est couleur de sang ?