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EUGÈNE VERMERSCH.


La Chère, aux longues mains rosées,
Frissonnante dans son peignoir,
Sur mon front en laissait pleuvoir
Deux que sa bouche avait baisées.

Avec moi je les emportais,
Et, tout le jour, brûlé de fièvre,
Je cherchais l’endroit où sa lèvre
S’était posée, et je guettais,

Comme une volupté lointaine
Qu’on voudrait retenir encor,
Dans les rieurs de lumière et d’or
Un souvenir de son haleine.

Mais notre roman est fini.
Les roses-thé me font sourire.
Parfois, pourtant, je les respire :
Alors mon front se rembrunit !

Ce ne sont plus les mêmes choses
Que me disent les mêmes fleurs :
Notre amour n’est plus dans nos cœurs ;
Son baiser n’est plus dans les roses.


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LE CRÂNE




Je me promenais, seul, dans un grand cimetière,
Et le ciel gris laissait tomber avec le soir
Un deuil qui s’épandait sur la nature entière.