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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Non. Plutôt, en un orbe éclatant de saphir,
Inscris un fier profil de guerrière d’Ophir,
Thalestris, Bradamante, Aude ou Penthésilée ;

Et, pour que sa beauté soit plus terrible encor,
Casque ses blonds cheveux de quelque bête ailée
Et fais bomber son sein sous la gorgone d’or.


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LE RÉCIF DE CORAIL




Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux Abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.

Et tout ce que le sel ou l’iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.

De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux ;
Dans l’ombre transparente indolemment il rôde ;

Et, brusquement, d’un coup de sa nageoire en feu,
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d’or, de nacre et d’émeraude.


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