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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Je sens tomber sur ma paupière
Un sommeil plein d’illusions ;
Je mets mon front sur une pierre,
Je m’abandonne aux visions.

Et je vois un peuple de fées,
Peuple né dans les nuits d’été,
Oui se sont follement coiffées
Des brins du muguet argenté.

Elles passent ; je les appelle ;
Elles s’abattent près de moi ;
Se penchant vers la plus belle,
La reine me dit : « Sois mon roi ! »

La reine blonde au teint de neige
Fixe sur moi ses yeux hautains :
« Vois, me dit-elle, mon cortège
D’elfes pâles et de lutins.

« Avec des brindilles de vigne
Mon char rapide est attelé ;
Battant l’air de son aile, un cygne
Me transporte au ciel étoile.

« Rêveur, ne veux-tu pas me suivre
Dans mon magique et blanc palais,
Au royaume des fleurs de givre,
Où vit le peuple des follets ? »

Dois-je croire à tous ces mensonges ?
J’hésite, et réponds oui tout bas,
Et je pars au pays des songes,
Cachant ma tête entre ses bras.