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ROBERT DE BONNIÈRES.


LES TROIS PETITES PRINCESSES

Comment trois bonnes fées firent trois beaux dons à trois petites princesses.



Trois filles d’un Roi sarrazin,
Le même jour, furent priées
Et le même jour mariées
Aux trois fils d’un Prince voisin.

Elles eurent mêmes grossesses :
Au bout de neuf mois mêmement,
Il leur naquit, pareillement,
Trois petites princesses.

Le Roi maure, dit le Conteur,
Fit proclamer leur délivrance
En Inde, en Perse et jusqu’en France,
Et dépêcha son Enchanteur

Auprès de trois gentilles Fées
Qui, dans trois chars tendus d’orfrois,
Se présentèrent toutes trois,
D’aurore et de lune attifées.

Après qu’il fut fait maint salut
Et que luth et lyre eurent cesse,
Chaque Fée à chaque Princesse
Fit le plus beau don qu’il lui plut.

À sa Princesse la Première
Donna pour don qu’elle serait
Faite comme elle, trait pour trait,
Et plus Belle que la lumière.