Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/393

Cette page n’a pas encore été corrigée
369
HENRI CHANTAVOINE.


SONNET


Ne redire qu’un nom, vivre d’une pensée,
Avoir songé tout bas ce beau songe, pareil
Aux douces visions des anges du sommeil,
De mettre à votre doigt l’anneau de fiancée ;

Passer ainsi les jours, l’âme toute bercée,
Murmurer jusqu’au soir et reprendre au réveil,
Comme fait l’alouette au lever du soleil,
La joyeuse chanson toujours recommencée ;

Puis marcher dans la vie à ce rayon divin,
Écarter de vos pas les pierres du chemin,
Prendre pour moi la peine et me vouer sans trêve

À vous récompenser par un amour sans fin,
D’avoir laissé tomber votre main dans ma main,
Voilà ce que j’ai vu, tout enfant, dans un rêve.

(Poèmes sincères)


PRIÈRE

C’était un doux esprit, comme on n’en voit qu’en rêve,
Un doux visage, aux grands yeux noirs, profonds et doux,
Sa douce voix n’était ni fâcheuse ni brève,
On l’aimait, comme on prie, en restant à genoux.