Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/391

Cette page n’a pas encore été corrigée
367
FRÉDÉRIC BATAILLE.


À ma première fiancée,
Quand tu reviens, beau mois des fleurs,
Sourit encore ma pensée
Dans un rayon mouillé de pleurs.

(Une Lyre)


VOS YEUX

Les yeux bleus ont du jour la pure transparence ;
Ils gardent la douceur des matins du printemps,
Et sous l’or délicat de leurs cils palpitants
L’étoile de l’amour sourit à l’espérance.

Les yeux noirs ont des nuits la mystique attirance ;
Mais sous l’ébène froid de leurs cils abondants
Les éclairs qui brûlaient notre cœur à vingt ans
Sont des flèches de feu cruelles d’assurance.

Lis fleuri dans l’azur, la Blonde est un éden ;
Lotus mystérieux, la Brune est un abîme :
Et le gouffre m’attire autant que le jardin !

Brune et Blonde, Dieu fait votre regard sublime,
Femmes, quand vous pleurez sur l’humaine douleur ;
Dans les larmes vos yeux ont la même couleur.





____________