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HIPPOLYTE BUFFENOIR.


Pourquoi laisser mon rêve et ma gaîté
En regardant cette fillette blonde ?
Pourquoi Colomb fut-il si tourmenté
Quand, dans la brume, il entrevit un monde ?

L’OISELEUR

L’oiseleur Amour se promène
Lorsque les coteaux sont fleuris.
Fouillant les buissons et la plaine,
Et, chaque soir, sa cage est pleine
Des petits oiseaux qu’il a pris.

Aussitôt que la nuit s’efface
Il vient, tend avec soin son fil,
Jette la glu de place en place,
Puis sème, pour cacher la trace,
Quelques grains d’avoine ou de mil.

Il s’embusque au coin dune haie,
Se couche aux berges des ruisseaux,
Glisse en rampant sous la futaie,
De crainte que son pied n’effraie
Les rapides petits oiseaux.

Sous le muguet et la pervenche
L’enfant rusé cache ses rets,
Ou bien sous l’aubépine blanche
Où tombent, comme une avalanche,
Linots, pinsons, chardonnerets.