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HIPPOLYTE BUFFENOIR.

Tout s’est évanoui, ses légions fidèles,
Ses hardis vétérans prenant les citadelles,
Ses envieux cachés, ses esclaves soumis,
Ses courtisans joyeux, ses rivaux, ses amis.


III

L’œuvre du conquérant, ses hauts faits militaires
Dorment ensevelis sous les ombres du temps;
Mais la ronce funèbre et les pariétaires,
Ces fleurs de l’abandon, des dédains insulcants,
Ô César, n’atteindront jamais tes Commentaires!

Tu savais que la tombe épargne le penseur,
Et que le pâle oubli respecte son génie :
Aussi, lorsque Brutus, sanglant triomphateur,
À ses Dieux immola ta longue tyrannie,
Tu le considéras comme un libérateur.

Tu savais que la mort illumine l’empreinte
Dont l’écrivain de race a marqué son chemin,
Et qu’il devient plus grand sous sa rigide étreinte :
C’est pourquoi noblement dans le Sénat romain
Tu tombas et mourus sans murmure et sans plainte,

Et c’est pourquoi, de loin reconnaissant César
Dans le musée ou dort superbement l’Histoire,
Je frémis tout à coup, comme si plein de gloire
J’avais vu le héros revenant sur son char,
Couronné des lauriers d’une double victoire !

(Cris d’Amour et d’Orgueil)