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MADAME ALPHONSE DAUDET.


Je voudrais écouter les sons, voir les clartés,
Au hasard du grand air qui flotte, luit et vibre,
Sans les croire, un seul jour, dans l’espace arrêtés ;
Que toute leur magie immortelle fût libre !

Que la chaleur nous vînt d’astres inaperçus;
Je voudrais ignorer les oiseaux et les roses.
Car les couchants éteints laissent les yeux déçus ;
L’effet succombe à la fragilité des causes.

Ô court printemps, formé de tous les infinis,
L’encens que tu répands a des coupes trop frêles ;
Ton chant triomphal tient aux pailles de tes nids ;
Tes rayons ont l’éclair vif et fuyant des ailes.

Et je sais d’où nous vient ce regret solennel
De jours furtifs, d’étés finis, de fleurs fanées,
La lumière, le son, le parfum éternel
À ce qui meurt ayant livré leurs destinées !

À MON FILS

Sous le grand frêne en éventail,
Que le soleil dore et paillette,
J’ai brodé du plus fin travail
Tout le tour dune collerette.