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ÉMILE DOSILLON.


C’est pourquoi des nuits d’hiver froides
Aux clairs avrils éblouissants,
Nous descendons vos marches roides,
Ô noirs caveaux des impuissants !

Caveaux où les membres se rouillent,
Où l’âme, achevant de déchoir,
S’enlize en des marais où grouillent
Tous les germes du désespoir.

Comme ces chairs que l’écrouelle
Ronge, et qu’on défend à l’étal,
Frères ! nos vers n’ont pas la moelle,
Creux qu’ils sont dès le temps fœtal.

Mais, puisque ainsi c’est notre vie,
Chantons ! sans souci ni remord,
Chantons ! et n’ayons qu’une envie :
C’est d’acquérir — lorsque la Mort

À ses vieilles dents nous agrafe
Comme un chien fait d’un lapereau —
Deux ou trois lignes d’épitaphe
Dans l’almanach de Vapereau.

(Les Ecolières)

L’APÔTRE

Le plomb fondu, versé de haut sur la poitrine,
Creusait une caverne, ainsi qu’un nœud de vers,
Jusqu’aux poumons déjà par les verges ouverts.
— Souriant, il prêchait la suave doctrine.