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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Je saisis la fleur précieuse
Comme son trophée un vainqueur,
Et cette relique pieuse
Je la garde, là, sur mon cœur.

Et le Temps a fauché l’année
Avec mon rêve décevant…
La petite fleur est fanée,
Mais mon souvenir est vivant.





PYGMALlON

 



A vous, dont la beauté tente le statuaire,
À vous, front jeune et pur et regards radieux,
À vous, Hébé suprême en qui mon âme espère
Pour verser l’ambroisie à mes jours soucieux,

À vous, que, dans mon cœur, intime sanctuaire,
J’ai mise sur l’autel inviolé des dieux,
J’offre comme un encens et comme une prière
D’un immortel amour les hommages pieux.

À vous, que je préfère aux bonheurs qu’on envie,
À vous mes chants, à vous mon âme, à vous ma vie !
Et mes baisers, à vous encore, ô mon doux bien,

Pour qu’au feu tout puissant de ma lèvre enchantée,
Comme Pygmalion animait Galathée,
Je sente votre cœur battre comme le mien !