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GUSTAVE RIVET.

 
Sous votre chapeau mousquetaire
Et votre jupon bleu rayé,
Voltiger, effleurant la terre
À peine du bout de son pié.

Dans les vertes châtaigneraies
Vous alliez, bien loin des sentiers,
Fourrageant l’herbe, et sur les haies
Cueillant les fleurs des églantiers.

Alerte comme une fauvette
Et joyeuse comme un pinson,
Vous mettiez une chansonnette
Aux ronces de chaque buisson.

Vous étiez toute décoiffée,
Vos yeux étaient pleins de douceur ;
Le bois disait : « C’est une fée ! »
Les fleurs disaient : « C’est notre sœur. »

Oh ! comme vous étiez jolie !…
— Je rêvais — hélas ! c’est humain, —
Un bien doux rêve, une folie ! —
Vous suivre, la main dans la main.

Mais, si rieuse et si légère,
Troubler votre cœur ! — Je n’osais.
Vous ne vous préoccupiez guère
Des beaux songes que je faisais…

— Or, comme vous couriez dans l’herbe,
M’attachant, fidèle, à vos pas,
Je vis tomber de votre gerbe
Un pâle « Ne m’oubliez pas. »