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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


SOLITUDE

 


Tandis qu’un vent glacé souffle et gémit dans l’air,
Et que l’automne au ciel met sa teinte grisâtre,
Dans ma pauvre chambrette où flambe un grand feu clair
Je regarde la flamme étinceler dans l’âtre.

Et je songe combien il serait doux de voir
Dans ma mansarde aller, venir, celle que j’aime,
Près de moi, doucement à mon foyer s’asseoir,
Et mon réduit s’orner de sa grâce suprême.

Isolé comme un mort couché dans son linceul,
Combien le jour est long ! Combien mon œuvre aride !
Ma chambre est un désert immense où je suis seul ;
— Et je reste rêveur devant son siège vide.


(Mots d’Amour)
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MEMENTO

 


Vous souvient-il de la campagne
Où nous allâmes une fois,
Aux flancs de la haute montagne,
Chercher l’ombre fraîche des bois ?

Sur nos fronts la Nature douce
Avait tendu son plus beau ciel ;
Sous nos pieds, un tapis de mousse…
— Et je croyais voir Ariel