Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée
273
GABRIEL VICAIRE.

 
Toi qui fais sous ton porche entrer les hirondelles,
Seigneur miraculeux et doux, maître indulgent
Qui jettes l’espérance au cœur de tes fidèles
Comme une rose pourpre au ruisselet d’argent,

Notre sœur, l’alouette, au lever de l’aurore,
Te salue, et son cri plane au-dessus des bois.
Quand vient le soir paisible, elle t’appelle encore ;
Rends-nous simples comme elle, et prête-nous sa voix.

Mon Dieu, nous ressemblons à la graine qui vole
Dans l’aire ténébreuse où l’on bat le froment :
Nous sommes le roseau, nous sommes l’herbe folle
Que les bœufs de labour écrasent méchamment.

Garde-nous du serpent à la langue dorée ;
Berger compatissant, souviens-toi que jadis
Tu guidais au bercail la brebis égarée ;
Permets que les chanteurs aient place au Paradis.

Et vous dont le Printemps en fleur dit les louanges,
Vous qui nous souriez dans les feux de l’été,
Reine de l’univers et maîtresse des Anges,
Ô vierge gracieuse, ô dame de beauté,

Étoile de la mer, vase pur, tour d’ivoire,
Vous qui venez à nous sur les ailes du vent,
Vous, la source d’eau vive où les âmes vont boire,
Vous, la nue éclatante et le soleil levant,

Dans le bleu du matin tourterelle envolée,
Lis de candeur éclos dans le jardin des cieux,
Soutien de l’innocent, Marie immaculée,
Laissez tomber sur nous un regard de vos yeux.