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PAUL DÉROULÈDE.

Mais elle, qui n’en veut démordre,
Place les draps, met tout en ordre :

« Couche-toi, soldat, couche-toi ! »

— Le jour vient, le départ aussi. —
Allons ! adieu... Mais qu’est ceci ?
Mon sac est plus lourd que la veille...
Ah ! bonne hôtesse ! ah ! chère vieille,
Pourquoi tant me gâter, pourquoi ?

Et la bonne vieille de dire,
Moitié larme, moitié sourire :

« J’ai mon gars soldat comme toi ! »


(Nouveaux Chants du Soldat)


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ÉPILOGUE




Femme, si l’être en qui tu mets ton espérance
Ne met son espérance et son bonheur qu’en toi ;
Si, Français, il peut vivre étranger à la France,
Ne connaissant partout que son amour pour loi ;
Si, sans te croire indigne et sans se croire infâme,
Quand tout son pays s’arme il n’accourt pas s’armer,

Ô femme ! ta tendresse a déformé cette âme ;
S’il ne sait pas mourir, tu ne sais pas aimer !

Mère, si ton enfant grandit sans être un homme,
S’il marche efféminé vers son devoir viril ;
Si, d’un instinct pratique et d’un sang économe,