Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LE BON GÎTE

 


Bonne vieille, que fais-tu là ?
Il fait assez chaud sans cela ;
Tu peux laisser tomber la flamme.
Ménage ton bois, pauvre femme,
Je suis séché, je n’ai plus froid.

Mais elle, qui ne veut m’entendre,
Jette un fagot, range la cendre :

« Chauffe-toi, soldat, chauffe-toi ! »

Bonne vieille, je n’ai pas faim.
Garde ton jambon et ton vin ;
J’ai mangé la soupe à l’étape.
Veux-tu bien m’ôter cette nappe !
C’est trop bon et trop beau pour moi,

Mais elle, qui n’en veut rien faire,
Taille mon pain, remplit mon verre :

« Refais-toi, soldat, refais-toi ! »

Bonne vieille, pour qui ces draps ?
Par ma foi, tu n’y penses pas !
Et ton étable ? Et cette paille
Où l’on fait son lit à sa taille ?
Je dormirai là comme un roi.