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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


MA LIBELLULE




En te voyant, toute mignonne
Blanche dans ta robe d’azur.
Je pensais à quelque madone
Drapée en un pan de ciel pur ;

Je songeais à ces belles saintes
Que l’on voyait, au temps jadis,
Sourire sur les vitres peintes,
Montrant du doigt le paradis ;

Et j’aurais voulu, loin du monde
Qui passait frivole entre nous,
Dans quelque retraite profonde,
T’adorer seul à deux genoux...


*
*       *


Soudain, un caprice bizarre
Change la scène et le décor,
Et mon esprit au loin s’égare
Sur de grands prés d’azur et d’or,

Où, près de ruisseaux minuscules,
Gazouillants comme des oiseaux,
Se poursuivent les libellules,
Ces fleurs vivantes des roseaux.