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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Sous l’azur, dans l’air qui me grise,
Se mêle au vol des papillons
La chanson de la perdrix grise
Ou la complainte des grillons.

Et l’ennui qui me martyrise
Me darde en vain ses aiguillons,
Puisqu’à l’abri des chauds rayons
J’entends sur l’aile de la brise
La chanson de la perdrix grise.


(Dans les Brandes)


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LES FRISSONS




De la tourterelle au crapaud,
De la chevelure au drapeau,
À fleur d’eau comme à fleur de peau
          Les frissons courent :
Les uns furtifs et passagers,
Imperceptibles ou légers,
Et d’autres lourds et prolongés
          Qui vous labourent.

Le vent par les temps bruns ou clairs
Engendre des frissons amers
Qu’il fait passer du fond des mers
          Au bout des voiles ;
Et tout frissonne, terre et cieux,
L’homme triste et l’enfant joyeux,
Et les pucelles dont les yeux
          Sont des étoiles ;