Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
ÉMILE BERGERAT.


XII


« Donc en forêt ! » — À peine il achevait ces mots.
Voilà que le tocsin pleure sur les hameaux,
Et que, sous le portail ébranlé du vieux temple,
Le curé, soulevant une croix, apparaît,
Et se met à marcher, grave, vers la forêt !…
C’était plus qu’un sermon, cela, c’était l’exemple !


XIII


Il montait à pas lents, toussant dans le brouillard.
Tous le suivent ! Tous vont où s’en va le vieillard
Le bourg abandonna sa misère au pillage,
Et, quand tout disparut au tournant du coteau,
La forêt referma les plis de son manteau,
Et puis la solitude entra dans le village !


XIV


Moi, je les regardais, hébété, comme fou !…
Le tocsin gémissait sans relâche. — Un hibou,
Qui flottait éperdu dans la brume sonore,
Me parut ressembler à mon âme… Il tournait !
— « Mon Dieu ! la guerre sainte ! Est-ce là qu’on en est ? »
Le sonneur, harassé, s’en alla vers l’aurore,