h ! toi, l’indifférent, tu souffres à ton tour :
L’angoisse t’a mordu, les peines sont venues ;
Tu trembles et tu crains en attendant le jour,
Et la nuit te remplit de terreurs inconnues.
J’ai vu luire en tes yeux, par un brusque retour,
Des larmes jusque-là vainement retenues ;
Et toi, qui ris de tout, toi, qui ris de l’amour,
Pour sonder l’avenir tu regardes les nues.
Tout n’est donc pas mensonge en nos maux ici-bas.
Que tu subis aussi, toi, dont le cœur la nie,
De la loi de douleur la sanglante ironie ?
Et tu peux donc aimer, toi, qui ne m’aimes pas ?
Mais quel déchirement qu’une telle pensée !
Dans ma blessure encor quelle épine enfoncée !
Oh ! ce sonnet me pèse à l’égal d’un remord !
Que je m’occupe ou non, que je veille ou je rêve,
Ce souvenir ne peut me laisser paix ni trêve,
Car pour moi chaque vers est un serpent qui mord,