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PAUL VERLAINE


1844




Paul Verlaine est né à Metz en 1844. Mêlé au mouvement parnassien, il publie en 1866 son premier recueil, Poèmes Saturniens, où déjà l’on trouve, à côté de couleurs pastichées, des demi-teintes originales. Puis viennent : en 1869, Fêtes galantes, mélancoliques et précieuses ; en 1870, La Bonne Chanson, simple et tendre ; en 1874, Romances sans paroles, au charme déjà morbide. Après six années d’oubli, M. Verlaine reparaît avec un livre d’un esprit tout nouveau dans son œuvre, Sagesse (1881), livre de repentirs et d’effusions catholiques. Si la doctrine en est précise, on n’en peut dire autant de la forme : ici, les mots ont trop souvent perdu leur sens, les idées leur suite, les images leur liaison, les phrases leur syntaxe, les vers leur cadence. Mais au milieu de ces ténèbres, quelques poèmes — conformes, ceux-là, au génie de notre race et de notre prosodie — brillent de la plus pure et de la plus touchante beauté. — Dans Jadis et Naguère (1884), il faut noter les stances intitulées Art poétique, qui sont la Loi et les Prophètes pour la petite école dite décadente. Dans le dernier recueil, Amour (1888), se lisent des pages d’une émotion et d’une spiritualité intenses, les plus achevées peut-être, mais aussi les plus inquiétantes d’un poète qui semble apporter à la Cène de l’Évangile le souvenir équivoque du Banquet de Platon. — M. Paul Bourget a dit de M. Verlaine : « Cet écrivain étrange, et dont le grand public ignore jusqu’au nom, a essayé de reproduire avec des vers les nuances qui sont le domaine