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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Mais, auprès des tisons où la flamme pétille,
Dans ce cercle d’amour formé par les enfants,
Par la femme adorée, ange de la famille,
Attachant sur l’époux ses regards triomphants,

On me verra reprendre avec la même ivresse
Vos chefs-d’œuvre immortels que j’ai tant admirés,
Comme de vieux amis unis par la tendresse
Qui se sentent toujours l’un vers l’autre attirés.

Et, quand viendra le temps des floraisons puissantes,
Quand le premier bourgeon de l’orme jaillira,
J’irai questionner mes gazons et mes sentes
Pour savoir quand le scille aux yeux bleus s’ouvrira.

J’irai chercher des vers nouveaux dans ces retraites
Où la sérénité s’est fait un doux séjour,
Et j’y savourerai mes compagnons poètes
Comme un amant qui lit quelque billet d’amour.

Heureux si comme toi, forêt dodonéenne,
Qui pares de splendeurs tes rameaux rajeunis,
Qui, sous les buissons verts du blanchissant troène
Abrites les concerts suaves de tes nids,

Ma France bien aimée, après l’hiver rigide,
Comme en son beau printemps peut encor resplendir,
Et croissant en vigueur, sous ta puissante égide,
Ô mon Dieu, comme un chêne immense reverdir !