Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
AUGUSTE LACAUSSADE.

Symbole sans parfum d’une amour décevante,
Après m’avoir souri dans sa candeur fervente,
Je la vois s’effeuiller sur la tombe vivante,
                    Qui pour toi fut mon cœur.




LES SOLEILS DE JUIN

I



Le soleil, concentrant les feux de sa prunelle,
Incendiait les cieux de sa flamme éternelle ;
Dans les bois, sur le fleuve aux marges de gazon,
Et sur les monts lointains, lumineux horizon,
Partout, resplendissant dans sa verdeur première,
Juin radieux donnait sa fête de lumière.


II


Sous la forêt et seul, triste enfant des cités,
Un rêveur s’enivrait d’ombrage et de clartés.
Sur son front qui fléchit, bien que jeune d’années,
Les précoces douleurs, les luttes obstinées,
Sillon laborieux, avaient tracé leur pli.
Pour l’heure, il s’abreuvait d’air limpide et d’oubli.
Fils d’un siècle d’airain, sans jeunesse et sans rêve,
Son âme aux lourds soucis pour un jour faisait trêve ;
À longs traits il buvait des grands bois les senteurs,
Écoutant la fauvette et les cours d’eau chanteurs,
Et l’abeille posée aux ramures fleuries,
Et l’hymne qu’en son cœur chantaient ses rêveries.