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ALFRED BUSQUET.


ROMANCERO

I



Roncevaux ! Roncevaux !… Lorsque le preux Roland
Vit tous ses compagnons couchés dans leur vengeance,
Il prie à ses côtés le cor, triste allégeance,
Pour en tirer un son mélancolique et lent.

Par delà les grands monts, vaincu dans sa fiance,
Charle entendit la voix de son neveu dolent :
Il a saisi le cor fatal à cette engeance,
A rendu son pour son au cri de l’appelant.

Ta voix sonne la charge aussi dans la bataille,
Ô poète, ô soldat, dont l’armure a la taille
Des chevaliers qu’on voit sculptés sur leurs tombeaux ;

Mais il est mort, crois-moi, l’honneur qui s’abandonne :
Tous les preux sont couchés aux champs de Roncevaux,
Et le cor enchanté n’a réveillé personne.


II


Oui, l’honneur est vaincu ! Le Cid Campéador
Repose côte à côte auprès de sa Chimène ;
Le courage a cédé, l’égoïsme nous mène,
Et l’amour enchaîné se lamente et s’endort !