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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


PAYSAGE



Le long du Bas-Meudon, par les soleils d’avril,
La Seine est scintillante et claire. Les feuillages
Tendres et vaporeux s’accrochent aux treillages,
Et, joyeux, les oiseaux reprennent leur babil.

L’air est frais, et l’on sent comme un parfum subtil
De sève qui déborde. Échappés aux mouillages,
Des canots bigarrés mêlent leurs fins sillages,
Et l’eau, comme un miroir, reflète leur profil.

Dans les îlots touffus, pleins d’herbes et d’arbustes,
Les saules aux tons gris près des chênes robustes
Ont l’air, tout frissonnants, d’être peints par Corot.

On ne songerait plus à la cité voisine,
Si l’on ne voyait poindre, au-dessus d’un îlot,
La cheminée énorme et rouge de l’usine.

(Sonnets Parisiens)