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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


On peut d’un froid linceul emprisonner son aile ;
On peut jeter sur l’immortelle
Le manteau de la mort.
Hommes, ne pleurez point ; ne gémis pas, Nature :
Sous la menteuse sépulture
Elle vit ! Elle dort.


VI


La voyez-vous surgir quand son heure est venue ?
Lumière, elle dit à la nue :
Il est temps, crève et fonds !
La méconnaît-on flamme ? Elle sera tonnerre.
Volcan, elle dit à la terre :
Je veux jaillir des monts !
Brise, elle dit : Je souffle. Onde, elle dit : Je marche !
Il est temps, élargissez l’arche,
Ou je romprai les ponts !







LA MORT





A{{sc|mi}, la mort n’est rien, dès que l’âme est mortelle.
De même qu’en ces jours où la grande querelle
Fit régner la terreur sous la voûte des cieux,
Quand des Carthaginois le choc tumultueux
Ébranla tout, au loin, sur la terre et sur l’onde,
Quand Rome put douter de l’empire du monde,
Nous n’avons pas souffert, nous qui n’existions point ;
De même, après la mort, lorsque sera disjoint
Ce nœud d’âme et de chair où tout l’homme réside,
Rien n’atteindra nos sens, ou notre être, mot vide,